Après notre séjour dans le nord de l’Utah, nous décidons de partir pour le Wyoming. Notre contrat de location de voiture nous interdisant d’aller dans les états du nord du pays (ce que nous avons appris à notre arrivé à Las Vegas). Nous avons loué une deuxième voiture à Salt Lake City pour 2 semaines. C’est donc une découverte rapide que nous avons fait et nous nous sommes limité à deux sites d’escalade : Ten Sleep et Devils Tower et la visite du parc national du Yellowstone.
Notre parcours dans l’état du Wyoming est très simple. Le Wyoming est un rectangle parfait. Nous avons d’abord suivit la diagonale qui le traverse du sud-ouest au nord-est. A peu près au milieu de cette diagonale, nous nous sommes arrêté au site de voies sportives de Ten Sleep. Au nord-est, nous sommes allé grimper à Devils Tower. Puis nous avons longé toute la partie nord de l’état pour nous retrouver dans le parc du Yellowstone avant de revenir par le côté est pour rejoindre Salt Lake City.
Ainsi, nous quittons Salt Lake City, à bord de notre nouvelle voiture. Une centaine de miles plus tard, nous quittons l’Utah et arrivons dans le Wyoming.
Un paysage de steppe s’étend à l’infini. Des landes de buissons défilent sous nos yeux. Parfois, un plateau ou des montagnes au loin réhausse cet environnement de plaines plates. Dans cet état, le moins peuplé des Etats Unis, les villes se font rares mais il suffit d’une rivière pour que tout d’un coup surgisse de ce désert, quelques maisons, toujours accompagnées de son lot de fast food, peu importe la taille de la ville ou du village. Les puits de pétrole ou les mines aperçus de la route sont les témoins que l’activité économique de l’état tourne autour de la richesse en matières premières que fournit le sol.

Le Wyoming est aussi un bon endroit pour constater que l’esprit Far West est encore vivant : on y trouve encore des saloons, Cody, une ville du nord-ouest se veut la capital du rodéo et alors que nous cherchions une place de camping dans les Big Horn Montains, nous avons croisé tout d’un coup un cowboy sur son cheval essayant d’attraper au lasso deux veaux s’étant échappés.
Un peu avant Lander, le paysage se diversifie. Nous passons devant le Red Canyon, les montagnes de Wind River Range, les dunes colorées. Et de temps en temps une antilope, tout droit sortie d’un livre de Yakari, lève la tête au passage de notre voiture.
Un peu plus tard, émerge entre les collines rouges, la plus grande source thermale minérale au monde, à Thermopolis, complétement perdue dans le centre du Wyoming.

On ne voit pas beaucoup d’étrangers ici, seuls des américains qui viennent prendre un bain dans les piscines qui bénéficient des eaux chaudes ou qui pique-nique et vont se promener sur le sentier aménagé autour des sources. Pour nous cela serait-il un avant goût du Yellowstone, peut être moins impressionnant mais en contre partie plus tranquille (et gratuit)?
1. Ten Sleep
Notre destination se révèle un peu plus tard, nichée au pied des Bighorn Montains. Ten Sleep, un village d’à peine plus de 200 habitants et son canyon de calcaire à trous et réglettes qui ravie les grimpeurs. Même s’il est petit, on trouve pas mal de choses dans le village de Ten Sleep : campings, brasserie, restaurants, glaciers… Cependant, le village est relativement loin des falaises. Du centre jusqu’au parking des secteurs principaux (Valhalla, French Cattle Ranch et Mondo Beyondo), il y a environ 25 km. Voilà pourquoi nous avons préféré poser notre tente à côté de la vieille route, où se trouvent de nombreuses places de camping sauvage. L’accès au falaises se fait ainsi plus facilement.
C’est ici que nous installons notre campement pour les 3 prochains jours. Il y a même 2 toilettes chimiques sur le haut de cette vieille route, permettant de garder l’endroit propre malgré le nombre important de campeurs.
Nous avons donc troquer les galets ronds par les trous. Les voies se font techniques dans le vertical, où un pied bien posé peut être salvateur, ou physique avec quelques gros bombés. Ten Sleep a aussi de quoi faire jaser avec son topo provocateur et les disputes d’ouvreurs qui ont mené à l’interdiction d’ouvrir de nouvelles voies.
Malgré cela, il y a déjà beaucoup à grimper. La plupart des secteurs sont exposés ouest. En été, les grimpeurs attendent alors souvent l’après midi pour pouvoir grimper à l’ombre.
Avec seulement 3 jours de prévu sur place, nous nous focalisés sur 3 secteurs qui sont surement les plus connus et les plus recommandés à Ten Sleep. On y trouve la plus grande quantité de belles voies dont les classiques. Ce sont les secteurs Mondo Beyondo, French Cattle Ranch et Valhalla.
Voici quelques voies que nous avons aimées lors de notre séjour :
Secteur Mondo Beyondo :
Thor (10a) une voie technique le long d’une fissure (pas de soucis, on peut la grimper sans coincements ;-)) .
Beer bong (10b) une cheminée dièdre où les plus courageux se retourneront et grimperont en regardant la vallée.
B1 Bomber dude (11a) longue et technique avec des petites prises. La difficulté augmente avec chaque mètre.
Great White Buffalo (11b) courte sur un rocher à trous de taille différentes.
Happiness in slavery (12b) soutenue sur du rocher compact et de petites prises. Une voie à méthodes.
Secteur Franch Cattle Ranch
Werewolfs in London (10d) grimpe sur un long pilier.
I just do eyes (11b) une voie technique qui représente bien le style de Ten Sleep.
Left el Shinto (12b) Encore une voie technique typiquement verticale avec des passages durs entrecoupés de bons repos.
Valhalla
Pump me like a shotgun (11d) et Vitamin K (12 a/d) Deux voies assez semblables avec une 1ère moitié facile qui mène sur un dévers à trous se redressant sur la fin.
Hanoi Hilton (11d) longue, verticale et technique. Une voie endurante et homogène.
Cocaine Rodeo (12a) une classique (encore plus classique que toutes les autres classiques ;-)) longue et technique.
2. Devils Tower
Nous reprenons la voiture pour 3 heures de route à travers les vastes plaines. 3 heures de monotonie jusqu’à ce que tout d’un coup surgisse de nul part, une tour massive, taillée de colonnes de basalte, Devils Tower. Avec la Devils Tower nous commençons réellement l’escalade traditionnelle et de fissure aux Etats-Unis.
Il y a plusieurs campings autour de Devils Tower (à l’interieur du parc ou à l’extérieur). Mais là où nous nous rendons, c’est au Devils Tower Lodge, un bed and breakfast tenu par Frank Sanders, un guide qui c’est installé au pied de la tour. Ce dernier permet aux grimpeurs de camper dans son jardin de façon très simple. Il met à disposition une douche extérieure avec une vue directe sur la tour et des toilettes avec robinets, un luxe que nous n’avons encore jamais eu dans les camping aux US. Cela pour 10$ la nuit à donner sous forme de donation.
Arrivé dans l’après midi sur le site, la première chose que nous avons fait, a été d’aller repérer le pied des voies. Nous avons bien fait car cela nous a permit de gagner en efficacité les jours suivants. En été, il fait chaud à Devils Tower. Jusqu’à 30°C dans l’après midi. Alors on a prévu de grimper tôt le matin ou le soir en fonction de l’exposition des voies.
Nous avons commencé par la Durrance, une voie de 6 longueurs en 5.8. C’est une voie classique et très populaire car elle fait partie des « 50 classiques d’Amérique du nord » et qu’elle mène au sommet de Devils Tower, ce qui n’est pas le cas de toutes les voies.
À cause de cela et de la chaleur, nous avons commencé 5h15 avec les frontales. Friends et coinceurs au baudrier, on fait presque autant de bruits que les vaches suisses avec leurs cloches. La première longueur commence avec une fissure de main en 5.5 mais ce sont surtout des cheminées et des offwidth que l’on trouve dans les longueurs suivantes. Michel est au paradis dans toutes les cheminées et les fissures larges et ne pourrait pas être plus élégant dans sa technique de la chenille.
Michel dans les cheminées de la Durrance
Devils Tower n’est pas le sommet le plus intéressant pour la vue étant donné qu’on est sur la seule tour qui surgit au milieu des étendues de prairies. Mais c’est quand même très émouvant d’avoir pu atteindre son sommet.
Les jours suivants nous avons grimpé des fissures classiques d’une ou deux longueurs :
Solar, 5.9- (2L)
Walt Bailey, 5.9 (1L)
New Wave, 10a (2L)
Broken Tree, 10a (2L).
Ce sont toutes les 4 des lignes évidentes, des fissures de mains et de doigts. On les a trouvé bien pour travailler la technique de fissures car les débuts sont souvent en inclinaison dalle et parfois positionnées dans des dièdres. La deuxième longueur des voies est souvent plus longue, plus soutenue et plus raide.
Et nous avons terminé par El Matador (10d) et sa fameuse grimpe en écart. Ce n’était pas gagné pour Michel. Avoir des visses dans les hanches et monter en grand écart pendant 40 mètres ne va pas très bien ensemble. Il a donc dû se rapatrier sur la variante en fissure de doigts. Cela a été beaucoup de souffrance entrecoupées de pauses. Heureusement la voie se protège parfaitement. Avec un peu plus de souplesse et en moulinette, Estelle a pu enchaîner plus de pas. Mais avoir les membres plutôt courts dans cette voie n’aide pas. Pour Estelle c’était plutôt l’envergure de bras le problème. Elle n’a pas toujours réussi a appuyer sur les deux colonnes, lorsque celles ci s’élargissent. C’était une super expérience d’essayer cette voie si unique, même si nous n’avons pas enchaîné.
Estelle dans El Matador
Après 3 jours passés à faire souffrir nos mains et nos doigts dans les fissures de Devils Tower, nous nous réjouissions de passer quelques jours à nous reposer en faisant du tourisme dans le parc national du Yellowstone.
Ce court séjour escalade au Wyoming nous a enchanté et nous sommes triste de ne pas avoir pu profiter entièrement du potentiel qu’offre l’état niveau grimpe.
Pour les voies sportives, il existe de nombreux sites autour de Lander, dont le plus connu : Wild Iris.
Pour l’escalade de grandes voies, la Wind River Range (Cirque of Towers) a l’air exceptionnelle et le parc du Grand Teton des possibilités d’alpinisme.
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