Escalade au Yosemite

Le Yosemite. Sûrement un des sites les plus connu au monde. Aucun grimpeurs ne peut être insensible à l’évocation de son nom. Envie de se mesurer aux Big Wall parmi les plus accessibles au monde ou peur de se lancer sur les parois polies par les anciens glaciers ou encore d’aller se coincer dans les fissures larges, chacun à son idée de ce haut lieu de l’escalade.
Nous ne sommes sûrement pas les meilleurs pour décrire l’escalade dans la vallée du Yosemite vu le peu de temps que nous y avons passé (1 semaine).
Ainsi, nous allons plutôt parler de notre expérience personnelle dans cette article.

  1. Notre Arrivée au Yosemite

Tout d’abord, ce n’est pas vraiment notre première fois au Yosemite. En effet, un mois plus tôt, nous avions grimpé une semaine autour de Tuolumne Meadows, la partie haute du Yosemite où les températures sont plus agréables pour grimper en été. Début octobre, nous sommes revenu au Yosemite pour grimper dans la vallée (The Valley comme disent les américains) où sont situés les fameux El Capitan et Half Dome et, par conséquent, souvent la zone à laquelle on pense lorsque l’on évoque le Yosemite.

Avant de partir, on s’était dit que l’on ne mettrait pas de Big Wall à notre programme. Ainsi, nous ne nous sommes pas préparés pour cela, notamment par rapport aux techniques d’escalade artificielle, et nous n’avions pas envisagé d’organiser le matériel. Et pourtant, lorsqu’on nous sommes arrivé au Yosemite, la première chose que l’on a vu c’est les parois gigantesques d’El Capitan, du Half Dome ou du Mount Walkins qui sautent aux yeux. On ne regrette pas de ne pas avoir essayé un Big Wall mais en regardant les cordées avancer dans le Nose, on avait l’impression de passer à côté de ces murs majeurs.

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Malgré cela, on doit admettre que la qualité des voies que nous avons grimpé au Yosemite était au top. Cependant, plusieurs choses pendant ce séjour n’ont pas été optimale.

Tout d’abord nous sommes resté 10 jours au Yosemite mais nous n’avons pas pu grimper 10 jours. Le problème vient sans doute d’avoir pris le métro à San Francisco après avoir vécu 11 mois au grand air. Ça n’a pas manqué, Michel est tombé malade à ne plus pouvoir sortir de son duvet.

Ajouté à cela la difficulté de trouver un emplacement de camping dans le Yosemite. Dans la vallée, le seul camping qui ne soit pas sous réservation est le camp 4 et d’après les rumeurs, il faut commencer à faire la queue à 4h30 pour espérer avoir une place. Avec Michel malade on a pas tenté. Avec la tente, le plus proche pour nous aurait été un camping à 28$ le long de Merced River ou un camping gratuit à Hardin Flat, proche de l’entrée Big Oak Flat. Nous avons choisi le camping gratuit mais nous avions environ 40 minutes de route pour atteindre la vallée.

Quand, Michel a commencé a tenir debout sur ces jambes, nous nous sommes promenés pour faire les points de vu touristiques comme Glacier Point et Tunnel View.

2. La grimpe commence

2.1. Central Pilar of Frenzy

Et une fois rétabli et motivé à grimper de nouveau, nous avons commencé à faire la queue dans la voie populaire Central Pilar of Frenzy (5.9, 5 longueurs). A part ce « petit » inconvénient d’attente, la voie est très bien avec quasiment chaque mètre qui est intéressant et pas mal de passage bien dur pour la cotation.

La première longueur (5.9) est un corner. Même si le rocher de Cathedral est plus sculpté qu’ailleurs au Yosemite, il peut encore être très lisse pour les pieds dans cette longueur qui n’est donc pas à sous-estimer.

La deuxième longueur (5.9) suit un système de fissure de doigt et est soutenue tout le long.

La troisième longueur (5.8) commence par une fissure de main qui passe dans un toit. C’est un passage en même temps physique et technique que l’on a aussi trouvé dur pour la cotation. Passé le toit, la fissure s’agrandit en offwidth pendant environ 20 mètres. Comme la paroi n’est pas complétement verticale à ce passage, l’offwidth n’est pas si difficile à grimper, mais la protection est assez limitée (comme on a pas envie de porter beaucoup de grand cams n°4 et 5 juste pour ce passage).

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L3 de Central Pilar of Frenzy

La quatrième longueur (5.8) est une double fissure pas très longue.

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L4 de Central Pilar of Frenzy

La cinquième longueur (5.9) commence par une cheminée (facile), puis suit un long système de plusieurs fissures avec quelques passages que l’on a aussi grimpé en dulfer. Encore une fois, nous l’avons trouvée costaude pour la cotation.

Nous avons eu aussi notre lot de frayeur dans cette voie. En effet, alors que Michel était au relais de la troisième longueur et qu’il était en train d’assurer Estelle, il a commencé à entendre un bruit bizarre venant du haut. Au dessus de nous, un peu à droite (heureusement), il a vu un grand arbre mort en train de tomber du haut de la falaise emportant avec lui un grand nombre de cailloux. Pendant sa chute, l’arbre a aussi frappé contre le rocher, éclatant en milles éclats. Les chutes de pierre et de bois ont ainsi duré presque une minute. Tout le monde a eu de la chance, que ce soit les grimpeurs dans la voie, ceux qui attendaient en bas ou encore ceux qui grimpaient sur les voies d’une longueur à droite de Pilar of Frenzy, personne n’a été touché. Mais ça nous a bien secoué.

Nous avons quand même grimpé une autre voie dans le secteur après être redescendu de Pilar of Frenzy. Pee Pee Pilar (10a, 1 longueur) se trouve à droite d’un pilier d’environ 30 mètres de haut. Après une fissure de doigt, c’est un long dièdre avec pas mal de bons repos mais aussi des crux que l’on grimpe en dulfer.

2.2. Commitment et Selaginella

Une deuxième grande voie que nous avons faite est Commitment (5.9, 3 longueurs) de laquelle nous avons enchaîné avec Selaginella (5.8, 4 longueurs). Au départ, nous avions prévu de ne pas grimper ce jour-là. Mais en début d’après-midi, Estelle a insisté pour aller faire quelque chose. Nous avons tenté notre chance dans une grande voie et nous avons décidé de grimper Commitment au secteur Five Open Books. Malgré l’heure tardive et l’attente dans la voie (les habituels bouchons du Yosemite) nous avons réussi à enchaîner vers la voie Selaginella et à sortir avant le coucher de soleil.

2.2.1. Commitment (5.8)

L1 (5.8) C’est une belle fissure avec un début bien dur pour la cotation et nous avons utilisé un arbre pour monter. Les derniers mètres sont dalleux et avec des failles qui mènent au premier relais.

L2 (5.7) est un grand dièdre (dulfer) facile.

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L2 de Commitment

L3 (5.9) Un petit mur vertical mène au passage clé de toute la voie : une traversée horizontale au dessous d’un grand toit. Le début avec des bons pieds est facile mais pour sortir il faut poser les pieds presque sur rien et bien forcer sur les coincements de main pendant 2-3 pas. En sortant du toit il y a des bacs.
La suite est moins dure mais encore très bien avec des mouvements physique en dulfer. Nous avons choisi la sortie par la gauche qui est plus facile et où le risque de faire tomber des cailloux (il y en a beaucoup sur une vire) est plus petit.

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Début L3 de Commitment

Après avoir bien aimé cette petite voie nous avons rejoint une autre falaise pour spontanément enchainer avec une deuxième voie:

2.2.2. Selaginella (5.8)

L1 (5.8) C’est une longue voie soutenue. Des failles, des fissures de mains et aussi pas mal d’offwidth (pas trop physique). Le relais est confortable sur une terrasse.

L2 (5.7) Après une fissure plutôt large, la cheminée au dessus se grimpe très bien malgré son apparence un peu effrayante. La traversée à gauche est ensuite facile.

L3 (5.8) La longueur commence par un début physique et technique avec plusieurs failles. Le passage ensuite consiste d’un pilier lisse qui ne se protège pas très bien. Après du rocher pourri (mais facile) il faut trouver la traversée engagée vers la gauche pour se retrouver sur une terrasse qui consiste entièrement de cristaux (surtout du quartz foncé, excellent). Ça compense la qualité moyenne de l’escalade de cette longueur.

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Les cristaux de la L3 de Selaginella

L4 (5.8) Le début pour partir de la terrasse est un peu bloc et engagé.
On grimpe ensuite un mur bien vertical en dulfer mais on trouve parfois des bacs le long de plusieurs système de failles. Ensuite c’est moins raide avec une grande faille détachée qui demande un dernier dulfer et un rétat pour sortir de la falaise.

La combinaison de ces 2 voies peut qu’être recommandé!

La descente à pied sur le Yosemite Falls Trail prend environ 30 minutes. Nous l’avons fait avec la dernière lumière avec une belle vue sur le Half Dome.

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2.3. Les secteurs d’une longueur au Yosemite

A côté de cela, nous avons grimpé sur des secteurs contenant un choix de voies d’une longueur en trad ou en mixte. Au niveau du style on trouve principalement des fissures, des dalles ou des knobs.

2.3.1. Jungle Gym

Jungle Gym  est un bon secteur pour grimper à l’ombre. Nous y avons grimpé 3 voies qui nous ont plu.

Jungle Book (10a) est un dièdre-fissure qui se protège bien. Le passage clé est la partie lisse à la fin de ce dièdre et le surplomb juste après. Un bon coincement de main assez haut permet de le passer. Après un repos, la suite est physique avec des bonnes prises. Arrivée sur une bonne terrasse avec un relais (que des sangles) il reste la dernière partie à faire. Celle-ci est moins raide et suit des failles pour arriver au relais équipé sur l’arête.

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Jungle Book

Jungle Arms (10c) est une voie courte parfaitement équipée avec des spits sur des super knobs!

Breast Fest (10c) est une voie mixte qui offre une belle grimpe mais il faudrait plus de passages pour réduire la mousse et le lichen. C’est dommage car la voie offre une bonne diversité de grimpe : des passages en fissures, des passages techniques sur petites prises, des passages sur knobs.

2.3.2. Pat and Jack

Pat and Jack est un secteur très populaire et avec beaucoup de voies de qualité. La première fois que nous y sommes allé, c’est tombé un samedi. Ça a été une erreur, seulement des voies trop dures pour nous ou qui semblaient vraiment pas bien étaient libres. Au bout d’un moment, nous avons réussi a trouver une voie, Knuckleheads (10b) qu’on ne recommande pas forcément car les spits sont bizarrement placés sur la fin et le 3ème spit (le passage clé) est déformé par les chutes. On a trouvé aussi la voie sous-cotée.

Nous avons fait une seconde tentative, cette fois en semaine. Nous avons eu plus de succès. Nous avons pu grimper plusieurs voies. Nous avons beaucoup aimé Knob Job (10b) une fissure de main pendant 2/3 de la longueur puis un passage clé passant rapidement par une fissure de doigt et une autre fissure que l’on a utilisé pour du dulfer avant de rattraper des bacs finaux.

Bubble on / Boneheads (10a), nous a aussi plu. Nous avons d’abord grimpé l’offwidth (première partie de la voie Bubble on) située dans un corner qui se rétrécit continuellement pour finir en coincement de mains. Nous avons ensuite enchaîné avec le pilier bien sculpté (deuxième partie de Boneheads) qui est spité.

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Début en offwidth de Bubble on (10a)
2.3.3. La base d’El Capitan

La base d’El Capitan comporte aussi beaucoup de voies d’une longueur. Pour ceux qui ne se lance pas dans les Big Wall, cela permet de grimper sur le fameux granite (lisse) d’El Cap.

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Nous avions repéré plusieurs voies intéressantes. Malheureusement, nous nous sommes fait stoppé dans notre élan dès la voie d’échauffement, Little John right (5.8, 3 longueurs). Nous nous sommes fait surprendre par la difficulté de cette voie aux fissures de taille variées situées dans une espèce de cheminée.

Nous sommes descendu en rappel par la gauche dans Little John left et comme la corde était en place, nous avons essayé en moule cette fissure de la taille de camelots BD n°4-5 située dans un corner. Cette fissure est donc une fissure de poing avec une part d’offwidth pour Michel et une offwidth entière pour Estelle. Les larges mains sont ici avantagées.

Après cela, il a commencé à faire chaud et l’énergie mental et physique nous a manqué pour essayer d’autres challenges comme Moby Dick ou Sacherer Cracker.

3.2.4. Generator Crack

Une autre voie, dans laquelle nous nous sommes cassés les dents (ou plutôt les coudes, les épaules, les genoux…enfin tout le corps en fait!), c’est la redoutable Generator Crack (10c). C’est peut être la voie en offwidth la plus connue de la vallée et elle ne pourrait pas être plus facile d’accès. Située dans un gros bloc à côté de la route, on peut facilement installée la moulle en haut (parce que celle-ci on a vraiment pas envie de la grimper en tête lorsque l’on est pas un expert d’offwidth). En revanche, c’est un bon entraînement de l’essayer en moulinette. Alors on essai des Chicken Wings, des ponts avec les pieds, des coincements de cheminée mais même avec l’aide de la corde, c’est pas très glorieux. C’était une expérience particulière entre masochisme et le sentiment de recommencer l’escalade malgré 15 ans de pratique. La voie vous laisse aussi un joli souvenir le lendemain : le sentiment d’être passé sous un rouleau compresseur se fait sentir dans tous le corps…

Enfin nous avons fait quelques autres petits secteurs, où nous n’avons pas croisé grand monde mais qui comportent peu de voies. Le secteur Knob Hill propose des voies faciles (cotations gentilles) et donc est bien pour débuter. Le secteur New Deviation offre au moins deux superbes voies New Deviation (5.9) et Chicken Pie (5.9) où on retrouve un mélange de grimpe en fissure et sur knobs.

4. Snake Dike

Nous avons fini pour ce qui restera pour nous la meilleure expérience au Yosemite : la voie Snake Dike qui monte jusqu’au sommet du Half Dome par le côté bombé (et donc plus facile) du demi dôme. Mais comme cet article est déjà bien assez long, nous en avons écrit un à part pour Snake Dike : Snake Dike – Half Dome

Conclusion

Finalement, pratiquement toutes les voies que nous avons fait étaient d’une grande qualité au Yosemite. On comprend alors pourquoi il a autant de monde (que ce soit dans la vallée mais aussi à Tuolumne Meadows). Non seulement les grimpeurs viennent pour l’histoire mais aussi la qualité qu’offre le site. Seulement, pour nous c’était un peu trop. C’est pourquoi au bout d’une semaine nous avons voulu changer même si en une semaine, on a vraiment l’impression de n’avoir pas fait grand chose compte tenu du potentiel en grandes voies et en voies d’une longueur. Après deux mois en Californie, nous étions aussi curieux et impatient d’aller toucher le grès en Utah, notre prochaine étape…

 

 

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