Indian Creek est souvent cité comme la Mecque des fissures. Même sans avoir fait de l’escalade traditionnelle, vous avez sans doute entendu parler de ce site à la réputation internationale. On dit souvent que c’est le site idéal pour apprendre l’escalade de fissure. Et pour cause, on y trouve une densité de splitter cracks, ces fissures archétypes où le rocher bien lisse ne laisse pas d’autres alternatives que de monter en faisant des coincements.
1. Pourquoi Indian Creek est il le site idéal pour progresser (ou apprendre) en fissure?
Il est difficile de « tricher » à Indian Creek. En effet, comme le rocher ne comporte pas de prises (ou peu), on est obligé de se mettre aux coincements (ou à la technique de verrou). Les plus récalcitrants essaierons de monter en dulfer avec le risque d’avoir les bras cuits très vite.

Bien sûr, il y a d’autres sites où l’on peut apprendre à grimper en fissure. Nous avons ainsi grimper nos premières fissures à Valle de los Condores (et à part les poses photos, ca ne devait pas être très joli à voir 😉 ). Mais Indian Creek se prête bien pour apprendre ou progresser en fissures pour plusieurs autres raisons :
– on y trouve majoritairement des voies d’une longueur ou il est plus rassurant d’essayer d’apprendre la technique, plutôt que dans dans une grande voie.
– les gens se prêtent les moulinettes, ce qui permet d’essayer beaucoup de voies et de pratiquer la technique.
– on se prête aussi le matériel, ce qui permet de pouvoir bien protéger les fissures qui demandent la même taille de friends sur toute la longueur.
– il y a un très grand nombre de voies (environ 1300 selon Mountain Project) de tous niveaux, ou plutôt de toutes fissures.
A Indian Creek, on peut se sentir un grimpeur très fort ou très faible en fonction de la taille des fissures que l’on choisi. En effet, une fois, le coincement de main maitrisé les fissures de la taille correspondante vont sembler faciles. C’est donc en choisissant des tailles de fissures différentes et en essayant d’adapter sa technique à chacune de ces tailles, que l’on va galérer le plus, mais aussi apprendre le plus.
Le système de cotation des voies à Indian Creek est connu pour être en général en fonction de la largueur de la fissure. Ainsi, les 5.10 ont souvent une largueur correspondant aux camelots n°2 et 3. Les voies en 5.11 sont souvent des fissures moins larges. Il arrive donc souvent que les femmes (qui ont les mains plus petites) se débrouillent mieux dans les 5.11 que dans les 5.10.
Ce que l’on doit quand même avouer, c’est que nous n’avons jamais autant grimper en moulinette qu’à Indian Creek. On peut penser ce que l’on veut de la moulinette, dans le cas d’Indian Creek, cela nous a permis de faire beaucoup de mètres d’escalade, de travailler notre technique et notre confiance pour les fissures. On a ainsi vu pas mal de progrès dans notre manière de grimper, ainsi que pour poser la protection de manière plus espacée, lorsque ensuite nous avons fait les voies en tête.
2. Secteurs et voies
On trouve à Indian Creek un nombre de fissures incroyables, les unes à côté des autres sur un grès de très bonne qualité. Les voies sont majeures même celles qui ont le moins d’étoiles dans le topo. On est jamais tombé sur une mauvaise voie, au pire on en a fait des « moyennes ».

Concernant le choix des secteurs, nous avons été limité par la mauvaise qualité de certaines routes. Nous avons donc choisi des secteurs facilement accessible sans 4×4 ou voiture haute. C’est limitant mais il reste un grand nombre de secteurs majeurs faciles d’accès comme Cat Wall, Scarface, Dunelly Canyon et Supercrack pour n’en citer que quelques uns.
Pour ceux qui aimerait connaitre les voies que nous avons faites à Indian Creek voici enlien une liste complète (en anglais) jour par jour.
Maitriser la technique du coincement de main et dérouler de façon fluide dans les longues fissures bien parallèles d’Indian Creek apporte une grande satisfaction de grimpe. Mais après un peu de temps, cela devient assez répétitif et nous avons aussi cherché à faire des fissures aux mouvements plus variés. Parmi ces dernières, nos voies préférées sont Crack Attack (5.11-), 9 Lives (5.11), Annunaki (5.11+) et Puma (12-). Nous avons particulièrement aimé grimper des voies de la taille de « petites mains » comme Scarface (11-) (enchaînée à vue par Michel). Finalement, grimper à Indian Creek nous a permis de perfectionner nos techniques de coincements de mains (grandes mains et petites mains) et de doigts mais nous sommes encore loin de maitriser tous les coincements notamment ceux de poings, off-finger et offwidth.
Une anecdote mémorable est l’ascension de Supercrack (5.10). C’était à la fin de notre deuxième jour de grimpe et après avoir déjà grimpé 7 voies, Michel a réussi à réunir assez de camelot n°2 et 3 pour pouvoir faire la voie en tête. C’est au milieu de cette longue et rectiligne fissure de main, qu’il a fait connaissance avec une nouvelle sorte de « bouteilles ». Alors que les coincements de main dans la fissure tenaient encore, il a commencé à perdre la sensation dans les mains et il lui manquait la coordination des doigts pour poser les friends. L’enchainement de ce classique de classique n’a marché seulement qu’en « courant » vers le relais pour clipper la chaîne.
3. Conseils pratiques pour Indian Creek
Pour dormir le camping est le plus adapté. La ville la plus proche, Monticello, étant à environ 50 km des premières falaises. Quand à Moab, la ville est située plus de 100km au nord.

Plusieurs campings sont situés dans la vallée d’Indian Creek, certains ne sont accessibles que par des véhicules hauts sur roues, d’autres sont accessibles par tous. Ils coûtent autour de 15$ la nuit depuis 2019 et la classification du lieu comme National Monument. Comme souvent concernant les campings des parcs américains, ces derniers sont simples, avec des places agréables mais sans infrastructures, exceptées les toilettes.

Monticello possède tout ce qu’il faut pour les courses (magasin Blue Mountains), pour l’essence et pour l’eau potable (disponible à la station essence). Pour le wifi, il y a la bibliothèque de la ville ou le Visitor Center du parc national Canyonlands, partie The Needles.
4. Trouver des amis à Indian Creek
Étant un site d’escalade très populaire, nous nous sommes demandés quelle serait l’ambiance à Indian Creek. Jusque là, au cours de notre voyage aux Etats-Unis, nous n’avions pas fait beaucoup de connaissances avec d’autres américains. Mais à Indian Creek avec notamment le besoin d’échanger du matériel pour pouvoir grimper, on a eu l’occasion d’échanger avec beaucoup de grimpeurs et que ce soit au pied des voies ou sur les campings.
Parmis ces grimpeurs, nous avons retrouvé certains plus tard au cours de notre voyage, comme Claire avec qui nous avons partagé quelques cordées en Arizona.

5. Tourisme autour d’Indian Creek
5.1. Newspaper Rock
Newspaper Rock est un rocher où l’on trouve la plus grande surface couverte de pétroglyphes de l’ouest américain. La surface dessinée représent 19 m2 et compte plus de 650 pétroglyphes. Il se trouve le long de la route UT211, qui mène à Indian Creek sur l’aire de repos appelée Newspaper Rock.

Il existe également d’autres endroits « cachés » dans Indian Creek où l’on trouve des pétroglyphes où des ruines indiennes. On peut les découvrir en discutants avec les locaux ou les grimpeurs habitués du site qui savent où les trouver.
5.2. The Needles, Canyonlands National Park
Dans cette partie moins fréquentée de Canyonsland, comparée à Island in the Sky, points de vue alternent avec des randonnées de différentes longueurs. Road Side Ruins Trail ou Pothole Point Trail ne dépassent une demi heure tandis que Confluence View Point ou Chesler Point View Trail prennent plusieurs heures et font plus de 10 km au total.
Au final, nous avons pu profiter, en cette fin du mois d’octobre de très bonnes conditions de grimpe. Après deux semaines, nous avons quitté Indian Creek sous la neige. Nous avons pris la direction du sud pour visiter Monument Valley puis Page et terminer ainsi notre boucle des sites de l’Utah.
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